Aujourd’hui, cher lecteur, accompagne-moi dans la jungle du paysage audiovisuel de la TNT. Entre deux ou trois parasites hertziens, une pixellisation excessive de l’image, une publicité pas raccord, nous pourrions bien mettre le doigt sur LA femme.
Toute une brochette, comme par exemple celles-là qu’il faut absolument décoder (comme souvent d’ailleurs) les Desperate Housewives Saison V [Canal+ ; 20h45] qui ont chassé ce gentil petit Dexter de l’écran. Il n’est pas coutume ici d’exposer les programmes de Canal +, néanmoins, cette diffusion avancée de cette série (les saisons des Desperate Housewives débutaient jusque là en septembre sur la chaîne cryptée) méritent qu’on y jette un œil. Non pas pour l’intrigue, mais pour cette programmation prématurée. Vraisemblablement il s’agit de lutter contre le téléchargement illégal. D’où deux questions : la saison V s’étalant de septembre 2008 à mai 2009 aux Etats-Unis, passe en Italie depuis Novembre, en Belgique et au Québec depuis deux semaines, la diffusion n’est-elle pas un peu en retard ? qu’est-ce que ça change pour une chaîne payante, parce qu’on ne nous fera pas croire que ce sont les pages de publicité de 20h50 pré-désespérées de la ménagère de moins de cinquante ans qui font vivre Canal ?
Sur ce, continuons notre exploration… les aventures de Desperate Housewives seront suivies de Weeds [Canal+ ; 22h10], les aventures de Nancy elle aussi Desperate Housewive, mais en plus veuve et dealeuse à ses heures perdues, (et elle en a perdu vachement beaucoup).
La Fashion Victime [TMC ; 20h40] est un autre type de donzelle que nous ne saurions trop vous conseiller d’éviter. Reese Witherspoon, la fashion victime en question est styliste à New-York et doit épouser le fils du maire, tout roule pour elle, sauf qu’elle n’est pas encore divorcée de son bouseux de mari qui vit toujours en Alabama. Alors elle rentre à la maison pour obtenir sa signature. Bien sûr, tout ne se fait pas sans les heurts que l’on ressentait déjà dans Le Rat des Villes et le Rat des Champs, ou dans le Loir et Cher de Delpech. On comprend mieux pourquoi le titre original était Sweet Home Alabama. Toujours est-il qu’ainsi résumé, ce film trouve tout de suite un charme merveilleux… et j’aurais presqu’envie de le voir…
Mais je lui préfère a priori les héroïnes de Reines d’un jour [France 4 ; 20h35], déjà parce que parmi les héroïnes de ce film choral se cachent des héros. Mais en tant que chronique du quotidien d’un seul jour, Reines d’un jour saute d’un personnage à l’autre et n’a pas la linéarité d’une Fashion Victime (et c’est parfois dommage)… et les chaos du jour nuisent parfois à l’homogénéité du tableau, car on ne le dit jamais assez un film choral réussi est souvent un film patchwork d’un seul fil. (Cette phrase est magnifique, faudra que je la ressorte).
Toujours des femmes, toujours des femmes, et des blondes assassines !
Soirée Doris Day sur Arte, Piège à Minuit [Arte ; 20h44] (oui, 20h44, c’est ultra précis), suivi du documentaire Doris Day superstar [Arte ; 22h30], un film et une rétrospective nécessaires, le premier pour savoir qu’un sous-Hitchcock n’est pas forcément un mauvais film et le second pour se rendre compte que Marylin a éclipsé bien des carrières qui n’avaient rien à envier à la sienne. Autre blonde d’un autre temps (mon Dieu, quelle transition de goujat) Mireille Darc propose un documentaire sur la fin de vie, Voyage vers l’Inconnue [France 2 ; 22h45] démystifie la mort en laissant parler face caméra des mourants (quoique ne sommes-nous pas tous mourants quelque part ?)… Documentaire salué sur tous les plateaux télé promotionnels, comme sensible, humain, vrai, il laisse croire qu’on aime encore plus la vie, après l’avoir vu…
Juste après sur TF1, il en reste encore une : la Femme Fatale [TF1 ; 23h45]. C’est assez dommage, ce film semble complètement pompé de la filmographie de Brian de Palma, un film de fan assurément, qui mêle voyeurisme et photographie, enregistrements magnétiques qui dévoilent un peu trop le passé comme dans Blow Out ou Body Double, deux filles qui se ressemblent trop pour que ce soit vrai comme dans Body Double, une foison de travellings qui longent les bâtiments la nuit, des scènes de toilettes, des références hitchcockiennes… et j’en passe. Femme Fatale est un film de de Palma. Gangsters, mystification, échange d’identités, des ingrédients parfaits pour un réalisateur qui ne s’ingénie pas trop, ne force pas son talent, et finit par un film presque nian-nian.
Ou sinon, y a des films sans trop de filles. Comme Hollywood Homicide [NRJ 12 ; 20h35] le buddy movie qui tente de nous faire croire qu’Harrison Ford est une star sur le retour et Josh Hartnett une star en devenir. Malheureusement, vue que la mayonnaise ne prend pas dans cette enquête policière hollywoodienne, Hollywood Homicide ressemble à une comédie policière sans intérêt, pas mauvaise et pas bonne à la fois. Mais évidemment, vous allez me dire : qu’est-ce qu’un buddy movie ?
C’est un genre cinématographique hors-du-commun qui consiste à réunir à l’écran deux héros très différents qui doivent vivre des aventures ensemble. Le genre a toujours bien fonctionné dans les comédies policières américaines. D’ailleurs là-bas aux states, on ne dit pas buddy movie, mais carrément buddy cop, référence faite à 48 heures (Eddie Murphy + Nick Nolte), l’Arme Fatale (Mel Gibson + Danny Glover) ou Rush Hour (Jackie Chan + Chris Tucker)… à l’évocation de ces trois exemples, il ne faut pas se méprendre : il ne suffit pas de mettre un flic noir avec un flic d’une autre couleur : La Relève (Clint Eastwood + Martin Sheen). Parfois on a même pas besoin de policiers, comme Pierre Richard et Gérard Depardieu l’ont prouvé à maintes reprises : la Chèvre, les Compères… ou Louis de Funès et Bourvil dans la Grande Vadrouille, certainement le meilleur buddy movie de tous les temps.
Ce qui nous emmène à Collateral [M6 ; 20h40] Tom Cruise et Jamie Foxx qui ne se connaissent ni d’Eve ni d’Adam, doivent passer la nuit ensemble le temps qu’un tueur refroidisse plusieurs cibles dans tout Los Angeles. Et bien détrompez-vous ! ce n’est pas un buddy movie, dans le sens où les héros ne vivent pas les aventures ensemble, mais plutôt l’un contre l’autre (au sens le plus frigide du terme). Cruise tueur à gage (dont malheureusement la seule performance tient à avoir fait une couleur) se sert de Foxx un taximan paumé pas très confiant en lui, pour aller d’un meurtre à l’autre. Commence un huis-clos en pleine ville, celui d’un otage en taxi dans une ville qui ressemble à une succession de rues dangereuses. Filmé par un génie des extérieurs nuit, Collateral souffre essentiellement d’un Tom Cruise qui se croit tiré d’un bon Melville et qui semble avoir voulu jouer à Delon pendant les deux heures du film. L’imitation est presque réussie, mais date de l’époque où Delon se mit à faire du Delon. Heureusement, sur l’autre plateau de la balance, Foxx qui excelle dans les films de Michaël Mann (Ray, ou Deux Flics à Miami) rend son inquiétude très sensible, très marquante, et sa révolte intérieure ne manque pas d’être contagieuse.
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