dimanche 31 mai 2009

Toutes les arnaques mènent à Rome

Les dimanches sont assez faciles à commenter généralement. De plus les programmations parallèles entre la Une et la Deux permettent toujours des discours faciles, des remarques à deux balles pleines de fausses coïncidences.

Tenez par exemple, dans l’Entente Cordiale [France 2 ; 20h35], Christian Clavier un gars de la haute est envoyé en mission à Londres (d’où le titre) avec Daniel Auteuil son interprète. Là, ils font n’importe quoi, en imitant les buddy movies à la française, mais sans aucune originalité. Et bien, ça, c’est une arnaque.

Dans Michou D’Auber [TF1 ; 20h45], c’est Depardieu Berrichon à la ville et à l’écran qui se fait arnaquer. En effet, dans sa campagne à l’ancienne, du début des années soixante, rude et franchouillarde, voilà qu’on propose à son ménage d’accueillir un gamin de l’assistance publique. Sauf que, le gamin s’appelle Messaoud, et que ce bon vieux Depardieu très militaire ne risque pas de le prendre bien. Son épouse, Nathalie Baye, passe le petit Messaoud à l’eau oxygénée et en fait un petit blond (frisé) : Michou d’Auber… si ça, c’est pas de l’arnaque… (au moins ici, c’est pas le spectateur la victime). Il en sort un film attachant, sur l’acceptation des différences par empirisme…

Alors du coup, quitte à voir une Arnaque, regardez l’Arnaque [Arte ; 20h50]. Comme il s’agit évidemment d’un classique, avec son ragtime universel, les yeux bleus à Newman et les broussailles blondes à Redford, nous n’en dirons pas plus. Si ce n’est donc, qu’on y retrouve tout des deux films précédents : le buddy movie, l’aspect rétro et nostalgique… Avec des petits plus, comme la certitude tout au long du film de se faire mener par le bout du nez.

Et puis il faut attendre minuit, pour suivre Rome [M6 ; 00h05], la série pharaonique (essentiellement quand César ira prendre du bon temps en Egypte) qui ne pouvait pas passer plus tôt, parce que Rome y est très sale, et la sexualité de bon aloi. Mêlant l’Histoire (César ira de Vainqueur des Gaules à cadavre en passant par la case Empereur, mariant ses cousines, inspirant son neveu, élevant ses généraux et fracassant Pompée) aux histoires (deux légionnaires très buddy movies eux aussi, participant à toutes les batailles, toutes les conquêtes), Rome est un feuilleton peplum qui décrit une ville sale, grouillante, mal famée, violente loin des films des années 60 où le marbre était astiqué au Vigor industriel. Soap Opera où l’amour la gloire et la beauté ne valent pas un bon glaive, ou un bon poison, cette série s’apprécie pour son intrigue habilement liée à l’Histoire, son cynisme, et un étrange réalisme qui laisse à croire que rien n’a changé, sauf peut-être l’hygiène.


samedi 30 mai 2009

Un Haneke bien caché

Hasard ou coïncidence ? Les deux mon Capitaine ! et enfin quelque chose à se mettre sous les dents un samedi soir. Alors que l’Autrichien Michael Haneke a obtenu la Palme d’Or au dernier festival de Cannes, le voici programmé (à une heure qui n’est pas vraiment des plus accessibles) sur France 3 !

Dans Caché [France 3 ; 23h45] Haneke lance son scénario paranoïaque comme le Lost Highway de David Lynch. Un couple (Auteuil Binoche) se découvre surveillé, filmé (et donc menacé)… résultat sur le point de tout perdre, ils perdent beaucoup et découvrent d’eux-mêmes, engoncés dans une spirale perverse, névrotique, malvenue…

Le cinéma de Haneke est pervers et malvenu. Souvent taxé d’intellectuel, d’auteur… C’est essentiellement un cinéma accrocheur, qui attrape et retient l’attention, et cela, qu’on aime, ou qu’on aime pas, qu’on le trouve froid, trop européen, et limite trop classique… la majeure partie de ses films donnent l’envie d’en découvrir les clefs. Et puis les portes qui vont avec.

vendredi 29 mai 2009

Méduse Express, la route de la science

On aura beau se satisfaire de la programmation de Pékin Express, la route des dragons [M6 ; 20h40] les vendredis se suivent et se ressemblent : des vides intersidéraux propices à se promener dans les rues la nuit à la recherche d’aventures, de bières, de stromboscopes ou de lumières noires.

Mais nous nous sommes beaucoup trop effondrés à critiquer les vendredis (et puis les samedis aussi) pour nous laisser aller à nous morfondre encore et encore. Aujourd’hui, il est temps de maugréer à la mode du « c’était mieux avant ».

C’était mieux avant, à l’époque de la Course autour du Monde. Des tandems de journalistes francophones parcouraient la planète, caméra super 8 à la main. Chaque semaine, ils réalisaient un petit reportage, et menaient une course tambour battant. Ils gagnaient des points en fonction de la qualité de leurs films et du respect des horaires. Du Canada à la Patagonie, ça mangeait de la poussière, filmait des quotidiens, réalisait des fictions, une sorte de télé réalité de reporters bricoleurs, grâce à laquelle on découvrit à la deuxième édition de 1977/78 Philippe de Dieuleveult.

Etrangement, ce programme était en 1976 une gageure extraordinaire. Une expérience onéreuse, évidemment, mais malgré tout diffusée le samedi après-midi (la case qui aujourd’hui ressemblerait à un suicide médiamétrique). Les films en Super 8 n’étaient pas les meilleurs du monde, et le voyage des cassettes par avion vers Paris était plus que compliqué. Il arrivait d’ailleurs que les candidats en retard n’aient aucun film à présenter. Qui plus est, ils n’avaient aucune possibilité d’en effectuer les montages : ils laissaient des instructions aux équipes parisiennes chargées de s’y retrouver dans les rushes. Aujourd’hui, avec un simple téléphone, on ferait tout aussi bien… et le public pourrait voter avec son propre téléphone, tout le monde y trouverait son compte, ou presque… au moins bien plus que quand c’était mieux avant.

Du coup ce vendredi, il va encore falloir veiller pour tomber sur quelque chose de bien : L’Attaque des Méduses [France 5 ; 1h40]. Ceux qui d’entre vous attendront ce reportage de la prestigieuse National Geographic doivent s’attendre à voir des images horribles de pêcheurs japonais attaqués par des méduses géantes (et quand je dis géantes, c’est bien plus grosses que moi !!!) ou des surfeurs américains des années 60, pressés de se laisser piquer par des minuscules, histoire d’être bien sûr d’où proviennent leurs brûlures.

Ah ben ça… faut aimer les documentaires animaliers !

jeudi 28 mai 2009

20h45 dans le Jardin du Bien et du Mal

Comme d’habitude, je vais vous dire « regardez Arte », et bien sûr quand je verrai les résultats des audiences, je passerai ma journée à me demander si les trois téléspectateurs branchés sur la chaîne franco-allemande sont mes trois lecteurs !

Sûrement que oui.

Je vais donc vous dire « regardez Arte », et pas uniquement parce que les autres programmes sont nuls… non parce que dîtes-vous bien que l’Effaceur [France 3 ; 20h35] énième aventure d’un Schwarzie surarmé et au faciès aussi expressif qu’une bande de papier de verre est sûrement ce qui sort le plus du lot… exception faite peut-être du surprenant Agents Secrets [NRJ12 ; 22h25], du brillant Schoendoerffer fils, qui distille une histoire d’espionnage qui n’aurait pas déplu à Alfred (Hitchcock évidemment) , avec une sacrée poursuite à fond la caisse que John (Frankenheimer évidemment) n’aurait pas renié, le tout avec la classe et la sobriété du film français noir des années 50, les barbouzes en moins, la couleur en plus. Un manque de rythme, et la froideur entre les héros (Cassel et Bellucci pourtant) gâchent un peu…

Toujours est-il que c’est sur Arte que ça se passe.

Faut-il décrire le cinéma d’Eastwood ? Faut-il reprendre le traitement du Sud américain par Hollywood ? Deep South, Dirty South… une pesanteur coloniale alanguie, sur la véranda de la maison à colonnes ? Faut-il se délecter d’un salaud de riche accusé de meurtre, coupable de déviances plus ou moins répréhensibles ?

Voilà résumé sans l’être Minuit dans le Jardin du Bien et du Mal [Arte ;20h45]. Son titre seul se délecte. Ses deux heures trente aussi.

mercredi 27 mai 2009

Manchester Barcelone... what else ?

Sincèrement écrire un article aujourd’hui… Quelle blague !!! cela revient à trouver quelque chose pour les gens qui n’aiment pas le foot…

Du coup c’est le moment ou jamais pour évoquer Deuxième Chance [Direct 8 ; 20h40] l’émission qui offre une deuxième chance aux recalés des autres émissions de télé-crochet, comme Popstars, la Star Ac ou à la Recherche de la Nouvelle Star… Je ne peux que vous inviter de tout mon cœur à bien tout regarder, puis à développer votre concept de Troisième Chance…

mardi 26 mai 2009

N'oubliez pas les paroles

Michel Delpech chantait :

« Ma pauvre Cécile,
J'ai soixante-treize ans.
Je fais de la chaise longue
Et j'ai une baby-sitter.
Je traînais moins la jambe
Quand j'étais chanteur. »

Quand Depardieu sort le micro et chauffe le bal à la façon karaoké nippon auvergnate, il tombe Cécile de France, avec du Woody Allen qui plane, ou peut-être mieux encore (mais là je n’ai aucun nom qui me revient...)

Quand j’étais chanteur [France 3 ; 20h35] taxé de film au scenario paresseux par mon Télérama, est surtout un défilé d’images sur pellicule, avec la Province en bobine (manquerait plus que Delpech chante le Loir et Cher), et deux acteurs (voire trois ou quatre autres dont Mathieu Amalric) donnent un semblant d’épaisseur à des brouillons de personnage. Du coup la seule épaisseur qu’on remarque, c’est Gérard (ou pour les plus amoureux, la bouille de Cécile)…

Alors du coup, des sentiments, y en aura-t-il plus de l’autre côté de la France… Télévisions. France 2 ose le pornographique scientifique, l’Odyssée de l’amour [France 2 ; 20h35] c’est quand même l’érection expliquée du point de vue de l’échauffement de la synapse. Comme prétexte, une fiction sans intérêt (imaginez Gérard et Cécile, mais sans Gérard et Cécile), et des images de synthèse pour vous expliquer ce qui se passe à l’intérieur…

A la rigueur quand Indochine chantait,

« Qui pourrait m'aider
Qui pourrait sauver mon âme
Je m'en fous, je voudrais te donner un baiser
Je veux te donner
Je veux te donner un baiser
Laisse moi passer effleurer mes doigts sur toi
Come to me »

on en savait autant…


lundi 25 mai 2009

Météo sur toutes les lignes

Avec la suppression de la publicité sur le service public après 20 heures (ce qui me rappelle qu’un samedi soir avant « on n’est pas couché » le sublime talk-show présenté par Laurent Ruquier, je suis tombé sur une vraie page de pub et que je n’ai réagi que cinq minutes trop tard pour l’enregistrer et la dénoncer vivement), la météo est diffusée à 20h35.

Evidemment la concurrence n’est pas en reste. Ainsi TF1 propose Le Temps est à l’Orage [TF1 ; 20h45] une sorte de Twister cyclonique familial en 2CV avec un Pierre Mondy au sommet de sa retraite et une ribambelle d’acteur prêts à prendre la relève…

Idem question météo, sur Arte, mais en plus relevé : Quai des Brumes [Arte ; 20h45], à croire que la chaîne franco-allemande aurait dernièrement dépouillé un ciné-club ! Le fameux « T’as de beaux yeux, tu sais », suivi du simple « Embrassez-moi »… c’était facile à l’époque, allez retenter cette technique, vous ne m’en direz pas des nouvelles… Là, encore donc pas besoin de s’étendre.







Avec Jarhead, la Fin de l’Innocence [NRJ12 ; 20h35] on avait souvent annoncé l’avènement du film de guerre… du Golfe. Ce long-métrage réussit surtout à montrer combien on peut s’emmerder sur le front… une évidence rarement rendue dans le cinéma de guerre, où ça crapahute beaucoup, en tirant tout le temps, parce qu’après tout c’est ce que vient voir le spectateur, les jeux auxquels il jouait petit… Le souci de Jarhead (et cet avis est très personnel, donc assez universel), c’est qu’à montrer combien on s’emmerde, on s’emmerde vraiment. De ce côté donc, pas vraiment réussi du tout, on s’enlise, on s’ennuie, on regarde sa montre, et on se demande pourquoi on a pas regardé Le Flic de San Francisco [TMC ; 20h40], une sorte d’Eddie Murphy légèrement tressé et stressant qui copie collie le Flic de Berverly Hills où il était bien moins tressé, mais n’avait pas à sa disposition le relief urbain de Frisco la propice aux cascades, ni les cable cars.

dimanche 24 mai 2009

De retour avec le millésime 2003

Comme l’auront peut-être remarqué les plus attentionnés de nos lecteurs, nous avions coupé la télé quelques temps, et avec, nos critiques avisées sur les diffusions télévisuelles de la TNT. Et bien, nous voici de retour. Et force est de constater que nous pétons la forme, et que le programme télé fait de même. Avec une programmation digne d’un soir de remise de Palme d’Or au festival de Cannes… Et là, bien sûr j’ironise…

Il est vrai qu’au cours de la Quinzaine Cannoise (qui est une dizaine, soit dit en passant), les chaînes ont rivalisé de films palmedorisables, voire palmedorisés… des films de cinéma aux réalisateurs et interprètes habitués à la montée des marches, Almodovar, Soderbergh, Wenders, Eastwood, Tornatore, en passant par Indigènes et un mauvais Spike Lee.

Ce soir, à peine le nouveau palmedorisé nommé on retombe dans l’éternel duel dominical entre la une et la deux.

Dans SWAT, Unité d’élite [TF1 ; 20h45], une unité d’élite du SWAT lutte contre le crime, et en particulier contre des gars intéressés par une prime de 100 millions de dollars à quiconque empêchera ledit SWAT de transférer un méchant trafiquant de drogue à la prison. Ce film de 2003 a été tourné bien avant la crise du Subprime. Et ça se sent, car aujourd’hui, ils seraient beaucoup plus nombreux à tenter de dézinguer l’unité d’élite, car, qu’on se le dise ! 100 millions divisés par 100, ça fait toujours un million… et du coup plus de morfals à l’assaut.

Tout peut arriver [France 2 ; 20h35] est beaucoup moins bourrin. Quoique… tout dépend de comment on le résume : un vieux macho bourrin délaisse une petite bombe pour sa mère (à la petite bombe), une vieille féministe coincée… Etude de mœurs, ou comédie (qui sait ?), le justement nommé Tout peut arriver traite dans le désordre de l’intérêt du viagra pour les plus âgés, mais aussi de l’intermittence des vieilles actrices (Diane Keaton en l’occurrence), alors que les vieux machins paradent toujours comme en 40 (Jack Nicholson en l’ocurence, qui ne parada qu’à partir des années 50, soyons honnête !), de la vie en bord de mer pour personnes bien friquées (car évidemment ce film de 2003 a été tourné bien avant la crise du Subprime)…

Tout peut arriver, et finalement, il ne se passe pas grand-chose. Un peu comme le second film de la soirée, justement trop bien nommé celui-là, Pas un mot [22h45 ; France 2], thriller à la mode des tout récents, mêlant jeux de piste, et méchant a priori intelligent et a postériori totalement braque, pour lequel nous serions vraiment tenté de ne pas dire un mot… mais du coup c’est déjà trop tard.

Alors du coup, même si personne ne les regarde jamais, on se retrouve à tresser les louanges d’Arte et du ciné-club de France 3.

Sur Arte, le méga splendide classique Sunset Boulevard [20h44 ; Arte] de Billy Wilder. Sur France 3 le fantasmagorique Freaks [0h40] de Tod Browning. Mais alors ces films sont tellement des bombes, tellement diffusés et rediffusés depuis 1950 et 1932 qu’on ne trouvera jamais les mots pour vous forcer à les mater.

Ah, ben, oui… on est revenus en pleine forme d’avoir allumé la télé !