C’est dans le Nord et le Sud [Arte ; 20h45] que tout petit j’ai découvert Patrick Swayze et Kirstie Alley, alors que tous mes petits camarades ne juraient que par Dirty Dancing et Allo Maman ici bébé. Comme quoi, j’avais déjà des goûts étranges, dont un amour immodéré pour les grandes sagas familiales mêlant pathos romantisme Histoire avec un grand H et violons (ceux de Bill Conti faisant merveille dans le cas présent), et soudains en écrivant ces mots, je me dis, « vivement une rediffusion de L’Amour en Héritage ! »
La trame y est on ne peut plus classique, deux amis, deux vrais « frères », George Hazard et Orry Main deviennent inséparables durant leurs classes à Westpoint, puis à la guerre contre le Mexique. Un petit mariage entre les membres des familles finissent de les lier pour de bon. Mais c’est compter sans la guerre civile, parce qu’Orry est du Sud esclavagiste et George du Nord industriel ! Manichéen, me direz-vous ? Assurément, mais avec une dose subtile de glamour, de kitsch, et de tout ce qui faisait la classe des productions télé des eighties, du style Dallas, Dynastie et Santa Barbara, et des méchants tellement méchants qu’ils en sont caricaturaux, tel David Carradine qui testait déjà son personnage de (Kill) Bill, mais en mode grotesque. Et puis, Orry le Sudiste est un bon bougre quand on y regarde bien, et les Hazard tout anti-esclavagistes qu’ils sont, n’en sont pas moins des exploiteurs, dans un joli nuancier de desseins quant à leurs positions abolitionnistes. Mais est-ce vraiment ce qui compte ?
Car de toutes les façons rien ne compte ! (si ce n’est s’amuser à reconnaître tous les guests : Lloyd Bridges, Forest Whitaker, Olivia de Havilland, Robert Mitchum, Jean Simmons…) D’une série qui était de douze épisodes d’une heure trente, voici qu’Arte nous en propose 24 épisodes au format 45 minutes. Ce soir en tout cas dans le cadre d’une soirée sur la Guerre de Sécession, voici les deux premiers épisodes de cette série Le Nord et le Sud [Arte ; 20h45] ce qui ne tombe pas fort à propos puisque l’action se déroule vingt ans avant la guerre de Sécession. Par la suite, les épisodes 3, 4, 5, 6 (et ainsi de suite jusqu’à 24) passeront tous les soirs du lundi au vendredi à 20 heures, tandis que les épisodes 1, 2, 3, 4 (et ainsi jusqu’à 24) passeront tous les jours du lundi au vendredi à 14 heures. Oui, vous ne rêvez pas ! Tous dans l’ordre !
Un documentaire suit la série qui tentera de dénouer les fils de la Grande Histoire. Emission en neuf épisodes, elle est le travail de Ken Burns qui avait déjà grandement disséqué la Seconde Guerre Mondiale sur Arte. Ce dernier semble démantibuler la Guerre Civile Américaine (les films d’archive en moins évidemment) avec le même talent dont il usa pour dénouer les causes conséquences rebondissements et incidences de conflit mondial, peignant les petites histoires dans la Grande. Ce cours d’Histoire réussi sera projeté tous les samedis et dimanches aux alentours de 16 heures.
Mais bon, il n’y a pas que la Guerre de Sécession dans la vie ! Sauf dans Wild Wild West [TMC ; 20h40] où James West est Will Smith et monté sur des machines démentielles quoique très mécaniques, accompagne son Artemus Gordon d’accolyte dans les missions les plus folles et pyrotechniques. L’Ouest sauvage n’est plus ce qu’il était, mais au moins on ne cesse d’y sourire. Moins pyrotechniques et tout aussi efficaces les Douze Salopards [Direct 8 ; 20h40] nous posent de vraies questions sur la guerre : faut-il être un salopard pour l’emporter ? a-t-on moins peur de mourir quand on est de toute façon condamné ? La guerre se poursuit malgré tout, dans le rapport homme-femme et les relations distendues entre Jeff Bridges et Barbra Steisand. Leçons de Séduction [Gulli ; 20h35] pose des questions fondamentales pour une chaîne destinée aux enfants : l’amour courtois a-t-il toujours la côte ? peut-on épouser quelqu’un sans avoir couché avec, et juste parce qu’on se sent bien avec ?
Dans La Recrue [TF1 ; 20h45], vous assisterez à la formation des agents de la CIA, puis vous vous poserez les mêmes questions qu’Eric Bana dans Munich : et si je ne suis pas officiellement engagé, tellement je dois paraître agent secret, pour qui est-ce que je travaille réellement ? (question que je me pose tous les jours !) La distribution est prestigieuse (du moins pour Al Pacino déjà) mais le scénario pâtit de l’évolution de l’intrigue avec des gros sabots, et de sa résolution avec des sabots encore plus gros. Alors de l’autre côté, dans Le Papillon [France 2 ; 20h35], Michel Serrault est l’alter-ego de Pacino et sa recrue est sa petite fille. Paysages bucoliques champêtres photographies panoramiques animées... Depuis que le Bonheur a été dans le pré, Michel Serrault était devenu un chantre des jolies comédies françaises dans les vallées fleuries, comme dans Une Hirondelle a fait le Printemps... peut-on parler d’efficacité ?
Mais si je devais me choisir un film à ne pas manquer, j’attendrais la seconde partie de soirée. Collision [France 2 ; 22h05] est un film choral qui tente de se pencher sur la question des relations raciales avec Los Angeles pour cadre. Le scénario ne manque donc pas de ses Latinos, ses Wasps, ses Arabes, ses Asiatiques, ses Blacks... Ecrit et réalisé par un scénariste de chez scénariste (Paul Haggis est notamment l’auteur de Million Dollar Baby), on pourrait s’attendre à une construction extrêmement bien ficelée, même si l’évocation du racisme au cinéma tombe dans la grande majorité des cas dans la caricature et la mièvrerie. Elle s’avère en fait très mécanique, mais fluide, elle s’avère donc très mécanique des fluides, chaque personnage qu’il soit victime ou coupable se trouvant exposé par la suite dans le rôle inverse. Mais, ce scénario résumé à un jeu de retours de manivelles n’est pas la principale force du film, c’est essentiellement l’écrin de Los Angeles que l’on retient (ou que j’ai personnellement retenu), le contre-emploi de certains acteurs (Brendan Fraser en particulier), et quelques deux moments de très haute tension, dont la fin, seul instant de vaillance scénaristique, où le dialogue se fond à l’action et mène le trouble. Alors pourquoi en faire le film à ne pas manquer ? parce que Collision est l’exemple même du film choral qui en multipliant les confrontations, les relations, les personnages, donne un tableau en petites touches, nuancées, agréablement servi par des plans lents et épurés, et une photographie de haute volée.
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