lundi 6 avril 2009

On prend les mêmes que jeudi et on recommence



Si jamais vous aviez survécu conquis à la soirée spéciale de jeudi dernier consacrée par Arte à Doris Day, vous pourrez largement en reprendre une part aujourd’hui toujours sur Arte. En effet, Doris revient dans un genre totalement différent du film noir de jeudi, comme le titre l’indique rapidement : Un Pyjama pour deux [Arte ; 20h45]… Le scenario tout en pyjama de ce film relate le schéma classique de la jeune fille rangée (voire coincée) versus le voyou insolent (voire mordant)… Pour le coup, ils sont publicitaires, collègues, adversaires, puis amants. Comme quoi on savait déjà faire de bons films avec Meg Ryan dans les années 60.

Vous avez aimé Collatéral le blockbuster de jeudi dernier sur M6 ? jetez-vous dans le blockbuster du lundi : avec OSS 117 : le Caire nid d’espions [M6 ; 20h40]. Pas la peine de forcer le trait de la critique pour résumer les aventures de l’agent secret français des sixties (qui n’est certainement pas une franchouillarde imitation de James Bond qui lui-même n’était qu’une imitation d’OSS 117)… parce que cet OSS 117 est le onzième de la série ! (ou dixième, selon que l’on compte ou pas l’épisode 2, Le Bal des Espions, avec Michel Piccoli qui pour des raisons de droits cinématographiques n’a jamais pu être estampillé OSS)… Mais je m’égare.







Pour poursuivre notre réflexion sur le retour du jeudi, penchons-nous sur le cas des deuxièmes parties de soirée. Jeudi, Brian de Palma plagiait Brian de Palma pour Femme Fatale. Ce soir, il plagie Brian de Palma pour Snake Eyes [NRJ12 ; 1998]. Des preuves ? Même plan d’ouverture que pour Mission Impossible, le héros apparaît dans un écran de télévision et sort du cadre pour apparaître sur votre écran à vous. L’excellentissime plan séquence d’ouverture (17 minutes de virtuosité !!! on apprendra d’ailleurs trois ans après la sortie du film qu’il s’agit de trois plans séquences montés numériquement à la perfection !!!!), Brian de Palma l’avait déjà tenté dans le Bûcher des Vanités. Et puis la signature même de de Palma, à savoir rebondir sur l’œuvre d’Hitchcock ! femmes incendiaires et démystification du flashback (comme Alfred l’avait magistralement démontré dans le Grand Alibi)… Néanmoins, le résultat est particulièrement plus réussi que pour Femme Fatale, comme Brian de Palma le montrera par la suite, sans être transcendant, à se reproduire lui-même, il épure son style jusqu’à passer pour un vieux maître du classique. Qui l’eut cru il y a trente ans ?

Voilà pour la jeudisation des lundis… Si jamais vous désirez ne pas chambouler les calendriers hebdomadaires, rien ne vous empêche de retrouver Joséphine Ange Gardien [TF1 ; 20h45] dans le monde du rugby, ou FBI Portés disparus [France 2 ; 20h35]. Si jamais vous aviez loupé Copland [France4 ; 20h35], il y a quelques semaines (voir notre avis), France 4 vous offre une seconde chance.

Au pire, Direct 8 vous propose une Enquête Inédite [Direct8 ; 20h40] sur les coulisses des matchs PSG OM. Comment les autorités se préparent au match au sommet du championnat de France ! Passion, violence, amour du maillot… on s’étonnera quand même de la programmation d’une telle émission, qui deux semaines auparavant, juste après PSG-OM aurait semblé d’actualité, ou mieux encore, à une époque où ses matchs faisaient des ravages dans les tribunes. Car les puristes souligneront que cette année, alors que les Parisiens ont humilié les Olympiens au Vélodrome, et que ceux-ci ont rendu la pareille à ceux-là au Parc des Princes, aucune violence notable n’a été à noter.

Enfin, TMC vous propose le classique de la soirée : Opération Dragon [TMC ; 20h40]. Un classique ? me direz-vous, alors qu’à sa sortie, des critiques précisèrent que « Lee se battait comme on faisait l'amour, d'où ces plans où le combattant frappe vers la caméra, donc vers le public, pour le faire participer comme un spectateur de film porno lambda »… Et pourtant… Espèce d’aventure très cheap, interraciale, sur les riffles de Lalo Schiffrin, Opération Dragon est avant tout un film qui ne se la joue pas, parce qu’il n’en avait pas les moyens. Jamais en effet l’histoire, sa chorégraphie (assez statique), ses audaces et prouesses techniques (la fameuse scène des miroirs) ne cherchent à s’inscrire comme précurseurs au cinéma. Opération Dragon ressemble à une bonne série B, appliquée, soignée, passée à la postérité presque par hasard, non seulement parce que Lee devait mourir peu de temps après la sortie du film, mais aussi parce qu’à une période de défaite totale au Vietnam des raccourcis faciles faisaient de Lee un résistant, et qu’à la même période d’émergence de la blaxploitation, l’alliance tacite de trois héros de couleurs différentes rendait tout le monde content. Opération Dragon est un film qui ne s’apprécie que déshabillé de sa légende de classique. Au contraire même, c’est avec ses clichés ethniques gros comme des maisons de géants qu’il faut le regarder, car il s’agirait plutôt d’une photographie du scénaristiquement (in)correct des années 70. Avec son triumvirat de héros tricolores, Lee, Saxon et Kelly, Opération Dragon aligne les lieux communs à coups de parallèles entre les uns et les autres. Qu’on amène des filles aux héros, et l’un d’eux reste chaste (bon, vu qu’il fait l’amour quand il combat, il s’économise), le second se contente d’une seule et unique compagne blanche, (ce n’est pas qu’il s’économise), et le troisième se croit au supermarché (bien décidé à être à la hauteur de la réputation de sa communauté très portée sur la chose). C’est en ce qu’il contient de scènes gratuites et racoleuses qu’Opération Dragon est devenu et reste une pépite sociologique.


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