jeudi 12 mars 2009

Pour une fois Stallone assure






Parfois il m’arrive de me réveiller grâce à la télé. Jusqu’ici rien d’exceptionnel, je me réveille aussi grâce au téléphone, aux oiseaux, à la chasse d’eau du voisin du dessus, au soleil, au radioréveil… Avec la télé, c’est toujours un peu particulier : quelle chaîne choisir ? mais qui donc va me réveiller ? à quoi s’attendre ? quel clip du Morning Tube de Virgin 17 va m’abrutir dès les premières heures du jour ? et j’en passe…

Ce matin, donc, j’ai été réveillé par Marie-Ange Nardi, elle criait : « L’équipe des filles ? A droite !!! L’équipe des garçons ? A gauche !!! », et en écarquillant les yeux, j’ai vu qu’elle restait au milieu. Voilà qui soulève bien des questions et qui donne envie de retourner sous les draps… Mais parlons plutôt du programme de votre soirée.

Si j’avais eu le temps samedi dernier, je vous aurais causé longuement sur la beauté des jeudis, ces arbres massifs, florissants, aux écorces fortes et marqués, aux craquelures résineuses, et au printemps qui revient… Ces arbres qui cachent la forêt (ou du moins la clairière, la savane et la steppe) des vendredis samedis. Parce qu’à bien y regarder, il y a toujours quelque chose à regarder le jeudi. Et pour tous les goûts. Ou presque.

De la fiction française sauce policière made in TF1, le classique du jeudi soir, avec ses figures paternelles rassurantes qu’elles s’appellent Cordier, Navarro, ses mammaires protectrices, du style Julie Lescaut, ou les Femmes de Loi [TF1 ; 20h45] que l’on retrouve dans trois épisodes musclés aux intrigues stupéfiantes sans qu’il y soit question de drogue, puisque dans le premier épisode, La vérité sur le bout des doigts, la victime d’un accident de voiture mortel n’était pas au volant au moment de l’accident, que dans le second, Soirées privées, une serial killeuse zigouille des hommes lors de soirées privées, et les enquêtrices se demandent qui organise ces soirées (sans les y avoir invitées !), alors que dans le troisième La Robe et la Justice, je n’ai aucune idée de ce qui se passe, car je n’ai pas chargé à savoir.

Sur la 2, grand classique du jeudi : Envoyé Spécial [France 2 ; 20h35] ! Déjà au collège on me conseillait de regarder ces reportages fouillés, ces documentaires au plus près du sujet. Aujourd’hui vous pourrez suivre les diplomates des cellules de crise du ministère des affaires étrangères, mieux appréhender les difficultés d’insertion des enfants handicapés, ou enfin découvrir les petits boulots nés de la crise.

Pas de cinéma sur la 3, ce soir, mais un téléfilm. Des croix sur la mer [France 3 ; 20h35] raconte l’histoire d’un brave type (brave au sens de brave type, pas de courageux, et pas de légèrement abruti), assez simple, plutôt commun… un brave type qui traverse la seconde guerre mondiale, et qui, alors qu’approche la Libération se retrouve otages des Allemands. A coup de flashbacks il revient sur sa vie. On se rend compte que c’était vraiment un brave type (brave au sens de, il a tout essayé mais ça n’a pas souri), pas toujours chanceux, plutôt malchanceux… un brave type quoi…

Dans un genre encore plus classique, Van Damme fait du Van Damme dans Double Impact [Virgin 17 ; 20h40] à savoir crac boom hue mais en moins Dutronc, Eddie Murphy fait du Eddie Murphy dans La Famille foldingue [NT1 ; 20h35] à savoir dix-huit millions d’Eddie Murphy et moi et moi et moi… mais en moins Dutronc aussi.

Trois programmes sortent un peu du lot (à mon humble avis évidemment, et puis de toutes les manières, moi, je regarderai Dexter [Canal+ ; 20h45] au beau milieu de sa troisième saison, en apéritif d’un Vic Mackay en pleine dérive dans son ultime saison de The Shield).

Sortant bien moins du lot que les deux autres, mais largement au-dessus qu’un zapping intégral de Femmes de loi envoyées spéciales dans la famille Foldingue du Double Impact des croix sur la mer, Basic [M6 ; 20h40] se veut un thriller militaire, où s’affrontent deux personnalités en parallèle, Samuel L. Jackson qui disparu n’apparaît que par flashbacks et John Travolta, l’enquêteur à fond dans le coup. Construit comme un film à tiroirs on croit tout le temps venir le Truc avec ses gros sabots, sauf que le Truc n’est pas celui qu’on croit, à tel point que c’en est presque décevant, voire carrément nul. Finalement vous direz-vous, après l’avoir vu : ça ne sortait pas du lot !

Avec Monty Python, sacré Graal ! [Arte ; 20h45], on sait où on va. Car ce film de chevaliers foutraques est essentiellement un film foutraque de chevaliers. Sans budget, pas de chevaux, des noix de coco font l’affaire, mais comment expliquer dans le scénario qu’on utilise des noix de coco dans l’Angleterre profonde ? On se raconte des histoires de mouettes migratrices. On ne s’étonne plus de voir un lapin tueur et des vaches qui volent, des chevaliers qui disent Ni. Mais qu’est-ce qu’on en rigole.

Avec Cop Land [France 4 ; 20h35], on ne sait pas où on va, et son contraire : on sait exactement où on va. Cop land c’est certainement la meilleure interprétation de Sylvester Stallone, parce qu’il y retrouve toute la naïveté, la candeur, le pas d’bol, qui ont fait ses meilleurs rôles, pour les deux premiers Rocky, ou pour Rambo First Blood. Epave qui n’a pas su (ou pu) devenir flic, Freddy Hefli (Stallone) est devenu shérif de Copland, une cité coupée du monde extérieur, où ne vivent que des flics de New-York. Freddy Stallone est d’autant plus une épave que tout le casting de flics qui l’entourent est impressionnant : Harvey Keitel, Ray Liotta, Robert de Niro ou Robert Patrick… Le shérif a l’occasion de mener son enquête dans un monde de grands (policiers et acteurs) qui ne se gênent pas pour lui rappeler qu’il n’est qu’un gros nul (d’autant plus gros, que Stallone s’est laissé empâter de vingt kilos pour tenir le rôle). Evidemment c’est le gros nul qui gagne, mais ce n’est pas sans une tension classique évidente, une frustration sensible (on aurait presqu’envie de lui faire un gros câlinou), et un scénario malicieusement ficelé, où tous les personnages (sauf le shérif) prennent plaisir à jouer de leur duplicité. Avec son final très western, en mode audio subjectif (le shérif ayant été rendu quasi sourd par une détonation) digne d’un grand John Ford, et traité à la De Palma, James Mangold tisse un thriller sur le canevas des grands classiques policiers et offre à Sylvester un rôle à la mesure (non pas d’un John Wayne) mais d’un Dean Martin (et ça pour moi, c’est bien mieux qu’être John Wayne).



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