jeudi 5 mars 2009

Révisons nos films chorals

Hier, il me semble que j’ai oublié de rappeler que je n’avais pas parlé de la Nouvelle Star la veille. Ce qui pourrait ressembler à un complot, l’est sûrement. Parlons plutôt du programme du jour, parce qu’il y a de grandes chances que la semaine prochaine, une fois encore, personne n’évoque la Nouvelle Star, et puis surtout parce qu’aujourd’hui il y a dire.

Tiens, pour commencer : Etienne Chatiliez revient. Après qu’on nous ait proposé Tatie Danielle, mardi soir, retour sur La vie est un long fleuve tranquille [France 4 ; 20h35], comme pour tous les classiques, il y a peu de choses à dire : des bourges, des prolos, de la lutte des classes, du Marx bien ficelé avec une immaculée conception au milieu, où l’opium du peuple avait fait un petit ravage dans le scénario.





Une question mérite d’être posée : La vie est un long fleuve tranquille est-il un film choral ? Non, parce qu’imaginons un film où un groupe de touristes français se retrouvent lâchés par leur tour-opérateur au beau milieu des Etats-Unis sans le sou ! Là, vous me diriez, vous rappelant les Bronzés, oui, le film de touristes est typique du film choral. Et bien oui, et on peut le vérifier avec Restons Groupés [NRJ12 ; 20h35], la comédie de Jean-Claude Salomé voient ses héros péter les plombs dans le grand Ouest (Américain, pas la Bretagne). D’une idée somme toute banale, en y ajoutant une journaliste pernicieuse, une bluette, des crises de nerfs, et une solidarité à toute épreuve (d’où le titre) on obtient… une comédie vraiment sympathique ! Parce que la mayonnaise prend, et que chaque personnage quoique campant des caractères types (l’arriviste, le débrouillard, le cadre stressé, le keubla…) ne tombe jamais dans la caricature.

A la même heure, Les Virtuoses [Arte ; 20h45] est aussi un film choral. Au titre, on s’en serait douté. Comédie romantique à la Ken Loach, ou comédie sociale à l’eau de rose, on hésite encore. Et on dira, un Full Monty syndicaliste. Ou la vie d’une fanfare de mineurs sur le point de voir leurs mines fermer mais aussi de décrocher leur participation à la finale des concours de fanfares… D’un sujet aussi réjouissant (parce que bon la fanfare, ça n’a pas le potentiel comique du strip-tease), il sort un film attachant, aux accents dramatiques et rigolos, où finalement le militantisme, la musique de fanfare, la dureté du travail des mines sont relativement effacés. On y partage des vies, plus que du labeur, de la musique, ou des craintes sociales.

Autre exploit avec une idée pas géniale, c’est Volte/Face [TF1 ; 22h20], et c’est du John Woo. Prenons d’abord l’idée pas géniale : un méchant et un gentil se détestent cordialement, le gentil arrête le méchant, mais pour poursuivre l’enquête on lui demande d’usurper l’identité du méchant pour infiltrer les autres méchants ! pire on lui demande de lui prendre son visage !!! Le gentil dit oui, et sans qu’il s’en doute le méchant fait pareil, et comme personne n’en sait rien, le méchant se retrouve dans la vie du gentil, et le gentil dans la peau du méchant (et dans sa vie aussi, mais il n’en veut pas…) Un scénario extraordinaire pondu à l’origine pour réaliser le fantasme de tous les producteurs des années 80 : un film avec Sylvester S. et Arnold S. (deux grosses vedettes d’alors)… Mais personne ne réussit à le produire, et bien heureusement, car un tel scénario ne peut que reposer sur une performance d’acteur : jouer dans un même film le méchant et le gentil est une gageure pas donnée à tout le monde (voir Leonardo Di Caprio dans l’Homme au Masque de fer, où il joue le méchant en serrant les dents, et le gentil en ayant l’air ahuri). Avec Sylvester le défi aurait été de taille, un personnage pseudo couillon pour l’un, pseudo bourré pour l’autre (je me moque mais vous verrez que la semaine prochaine je vous conseillerai à tout prix de voir ce bon Sly dans Copland !). Avec Arnold… ben on aurait eu droit à Terminator une moitié du film et un flic à la maternelle pour la seconde.

Par la suite, on songea à Michaël Douglas et Harrison Ford. Mais des soucis de contrat et de calendriers bloquèrent la réalisation. Bien après, le scenario tomba dans les mains de John Woo. Ce dernier depuis trois ans aux Etats-Unis n’avait réalisé que deux pauvres films de commande pas vraiment à la hauteur de son talent de Hong-Kong. Las, pour Volte/Face, il impose son casting : John Travolta (avec qui il vient de faire Broken Arrow) et Nicolas Cage. Des grosses ficelles du scénario, il tire des moments hilarants, grâce à la performance de Travolta (qui réussit haut la main le passage de gentil à méchant, quand Nicolas Cage fait de son transfert méchant-gentil un passage de psychopatathe à névrosé), des moments de poésie, grâce à sa virtuosité du gunfight. Parce qu’avec John Woo, il faut que ça pète partout mais non sans une grosse dose de symbolique dans la chorégraphie. Ainsi quand les deux ennemis jurés se retrouvent face à face, ils sont chacun devant un miroir. Ils n’auront plus qu’à parler avec l’autre tant haï.


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