mardi 24 mars 2009

De David Gale au Clan des Siciliens...




Une fois n’est pas coutume, la parole est à NT1. La dernière fois que j’ai dû parler en termes élogieux d’un programme diffusé sur cette chaîne, c’était, en gros, il y a tout juste un mois, à l’occasion de la retransmission du film Arlington Road. Que dire de NT1 ? Cette chaîne anciennement appelée La Quatre (allez savoir pourquoi) débaptisée pour pas confondre avec France 4 (anciennement Festival) a été conçue par AB Groupe, du coup, ,c’est une sorte d’hybride de RTL9 et d’AB1 qui se veut pour M6 ce que M6 est à TF1… tout en restant du coup une vraie chaîne de la TNT, orientée séries et émission de vraie fausse réalité…

Son heure de gloire a lieu tous les soirs à 19h45 avec la diffusion de la série How I met your mother. Sa soirée de gloire ce soir se compose dans un premier temps de La Vie de David Gale [NT1 ; 20h35] puis d’A tombeau ouvert [NT1 ; 22h50].

Avec David Gale, vous avez l’occasion de passer quelques jours avec Kate Winslet qui le temps d’une enquête tout en rebondissements risque de prouver que ce professeur de Kevin Spacey, ancien militant contre la peine de mort, qui attend justement dans le couloir de la mort, est bien innocent de tout crime… ou peut-être pas… toute l’histoire repose sur cette innocence toujours plus évidente, mais toujours moins innocente. Quant au tombeau ouvert, il est l’occasion de passer ses nuits avec Nicolas Cage toujours aussi dépressif, mais certainement pas déprécié. Scorsese est à la caméra dans ce New-York qu’il adore, celui sombre d’After Hours, le violent de Gang Of New-York, le crasseux de Taxi Driver ou de Mean Streets, et il y filme les déambulations d’un ambulancier hanté par les fantômes de ceux qu’il n’a pu sauver. Psychédélique, presqu’épileptique, hachuré, virevolté du voltage, A Tombeau Ouvert (au titre exceptionnel, voire mille fois mieux que dans sa version originale : Bringing out the Dead) c’est une plongée électrique dans des nuits d’enfer, sous les alléluias d’un Ving Rhames déchaîné, les vociférations de Tom Sizemore, la frêle ombre de Patricia Arquette, et Van Morrison, Sinatra, the Who, ou Burning Spear à fond les baffles.









Mais c’est aussi une grande soirée dédiée au cinéma français dans toutes les gammes (ou presque) de la French Touch.

Le Franchouillard Style, avec le Triporteur [Direct 8 ; 20h40], où Darry Cowl part en triporteur pour la finale de la coupe de football où participe l’équipe de son village. Fulgurant road-movie à 15 kilomètres par heure, c’est le film qui aura vu la naissance de l’expression « Petit Canaillou, va ! »… dans le livre original, René Fallet déchirait déjà de toute sa classe la langue française « Dans son arrière-boutique, folle d'amour, la fleuriste effeuillait toutes les marguerites », il faisait déjà rebondir les idées saugrenues « Dans son arrière-boutique, la fleuriste cultivait des arrière-pensées » , là le film qui semble toujours tout en improvisation déchire tout seul les Carambar, avec le coup du klaxon, « Une trompe amovible, voilà. Elle est à moi, mais elle est amovible aussi. »








La Nouvelle Génération Style, ou les débuts de Jean-Pierre Jeunet (alors inséparable de Marc Caro), c’est dans Delicatessen [Virgin 17 ; 20h40] le film qui jette les bases du cinéma de Jeunet, par sa galerie de personnages atypiques, par sa lumière, par sa construction en dominos bien illustrée dans l’extrait suivant :








La Vieille Classe Style, en réunissant trois monstres générationnels, Gabin, Ventura, Delon, dans le Clan des Siciliens [France 3 ; 20h35] ferme le triptyque, et marque les esprits. Parce qu’au-delà de l’histoire (l’intégration d’un jeune loup dans une famille de mafieux alors qu’un commissaire aigri rôde), au-delà de la musique (partition impeccable d’Ennio Morricone), au-delà du coup d’éclat (le vol d’un avion, au sens pas le plus commun du vol pour un avion), c’est essentiellement le casting qui fait le Clan des Siciliens. De toute évidence, tout ceci serait impossible aujourd’hui même avec un mauvais scénario, même si on ne supporte pas Delon. A générations équivalentes, Gabin n’a pas d’équivalent, (alors on dira Piccoli, ou Trintignant, Belmondo, ou Delon…), Ventura non plus (bon, allez, Depardieu…), Delon non plus (Guillaume Canet, Gaspard Uliel…) Donc, reprenons le Clan des Siciliens aujourd’hui, avec Piccoli, Depardieu, et Guillaume Canet… vous iriez le voir vous ?






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