dimanche 1 mars 2009

Télé as-tu du choeur ?

S’il y a bien une question que je me pose ce matin, avec tout l’aplomb d’un philosophe de vidéoclub, c’est : combien faut-il de personnages pour faire un bon film choral ?

Un bon film quoi ? me direz-vous, en imaginant devoir compter le nombre de choristes dans Les Choristes !

Non, pas d’inquiétude, les films chorals (oui, car on dit un film choral, deux films chorals, voire deux films choral, et pas un film choral, deux films choraux) sont des œuvres traversées par plusieurs personnages d’égale importance, et aux destins croisés. Une trame commune lie les personnages et l’action, différenciant le film choral du film à sketchs.

Un exemple ? Les Bronzés, cas typique des films de troupe, où qui de Gigi, Popeye, Jean-Claude, Christiane entre autres, dominerait les autres protagonistes ?

Un contre-exemple ? Les Douze Salopards, car même s’ils sont douze, la figure de chef de Lee Marvin écrase l’ensemble de la distribution, pourtant savoureuse. De plus peut-on réellement parler de destins croisés, quand la majorité de l’équipe part au casse-pipe pour ne pas finir au bout d’une corde ?

A ce titre, le film choral a du mal à s’imposer en tant que genre, selon qu’on ne sait jamais selon quel limite un personnage arrive à écraser les autres. Dans l’Auberge Espagnole, est-ce le collectif qui l’emporte sur Xavier, ou Xavier qui raconte le collectif ? De même, un film avec un personnage principal entouré de plusieurs seconds rôles importants ne serait-il pas un film choral, comme dans Forrest Gump, ou Retour à Cold Mountain, qui sont des galeries de seconds rôles plus extraordinaires les uns que les autres !

Les films chorals ont une géométrie variable, que les personnages s’y connaissent ou pas, qu’il y ait unité de temps ou pas, unité de lieu ou pas, qu’il s’agisse de comédie sociale (Le Goût des Autres) de comédie policière (Jackie Brown) de comédie de mœurs (Shortbus) de comédie dramatique (Babel) de film de guerre (Un pont trop loin) ou de film catastrophe (Tremblement de terre, ou autre Independence Day). Le parcellement de ces aventures multipliées à toujours eu pour effet de laisser les personnages dans une retraite exacerbée, dépossédés, atrophiés dans un univers vaste où l’on est rien sans les autres. Et oui ! même dans les Bronzés !

Le genre a les défauts de ses qualités. Les films chorals ressemblent parfois à des feuilletons, la facilité consiste par moment à employer des acteurs à contre-emploi, et certains pensent qu’il suffit d’engager une vedette à contre-emploi et de la faire disparaître au milieu des autres personnages pour avoir réussi une gageure…

Tout ça, c’est une question de mayonnaise, d’ingrédients qui prennent les uns avec les autres, et certains réalisateurs s’en sont faits une spécialité. Robert Altman (de M.A.S.H. en 1970 à The Last Show en 2006, en passant par les excellents exemples : The Player, Short Cuts, Prêt-à-porter, Cookie’s Fortune ou Gosford Park), Alejandro Gonzales Iñàrritu (Amours Chiennes, 21 Grammes, Babel), Cédric Klapisch (Chacun cherche son chat, l’Auberge Espagnole, Paris), Alain Resnais, certains Steven Soderbergh…

Aucun d’entre eux cette semaine à la télévision hertzienne gratuite (parce que sur la TNT payante, le câble ou le satellite, Klapisch est en long et en travers : Chacun cherche son chat, Ni pour ni contre (bien au contraire), Paris…), mais deux films chorals remarqués à défaut d’être remarquables ::

Collision [France 2 – Dimanche, 22h05]
Les Bronzés [TF1 – Mardi, 20h45]

Pour en savoir plus sur les films chorals (et sur Collision), voici deux très bons articles du site dvdrama.com :

Le film choral selon Bobby
Les films choral



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