Il est encore temps que j’aille m’acheter un magnétoscope ou deux. Parce qu’il y a des soirs comme ça, qui suivent des samedis mortels et annoncent des lundis funestes, où l’ont ne sait où donner de la télécommande et de l’œil.
Le constat est flagrant, si l’on n'a pas déjà tout vu, il est quasiment impossible de tout voir (et à bien y réfléchir, même quand on a déjà tout vu, on ne peut pas tout voir par la suite…) et la solution de facilité consisterait à faire le choix du grand n’importe quoi avec Les Visiteurs en Amérique [TMC ; 20h40], là au moins on ne pourra pas crier à la surprise !
Autre n’importe quoi, mais d’une qualité largement supérieure, un n’importe quoi ultra stylisé, et aussi réussi qu’un Jacques Tati, Bean [W9 ; 20h35] raconte l’histoire d’un haricot ou presque, Ecce homo qui est faba , où Mr Bean côtoie allègrement la mère de Whistler de l’Arrangement en Noir et Gris. Parce que Mr Bean, c’est largement plus culturel que ce qu’il n’y paraît.
Mais ce n’est pas tant là que la télécommande s’égarerait.
Elle se perdrait aisément quatre heures, pubs comprises, avec Elizabeth Taylor. Cléopâtre [NRJ 12 ; 20h35], reine des péplums autour des Ben-Hur, Spartacus et autres Dix Commandements, ce sont les romances d’une prétendante au trône d’Egypte, qui se donne à César, jette son frère au trou, séduit Marc-Antoine, et finit dans le trou.. C’est LE film superlatif, porté par son couple Brad Jolie Angelina Pitt de l’époque, un Mankiewicz même pas écrasé par cette production pharaonique de cinq ans toujours plus directeur d’acteurs que réalisateur, privilégiant la moindre virgule de dialogue au faste du décor. Pourquoi regarder Cléopâtre ? peut-être parce que les studios américains ne se frotteront plus jamais au genre pendant quelques trente-cinq ans, illustrant ainsi qu’une limite du cinéma de ce genre avait été atteinte ; peut-être parce que NRJ 12 a la talentueuse idée d’en diffuser la version longue et que ça en devient, du coup, la façon la plus agréable d’approcher les minuit et demi.
On pourrait tout aussi bien, mais dans un genre différent atteindre les minuit cinquante avec Keira Knightley. Parce que la jeune KK comme on la surnomme dans l’intimité des initiales passe sa soirée dans Orgueils et Préjugés [France 2 ; 20h35] et Domino [France 2 ; 22h50]. Dans le premier, elle campe magnifiquement l’héroïne de Jane Austen, Lizzie Bennet, dans le second elle est Domino un top model devenue chasseuse de primes sans passer par la case Elysée. Ce serait presque convaincant si dans Orgueil et préjugés, le pauvre Darcy était à la hauteur du jeu de KK, et peut-être intéressant si Domino ne ressemblait pas aux morceaux éparpillés d’un vidéoclip réalisé par le décalquage d’un drogué en pleine rechute, tout ça parce que Tony Scott n’est pas très doué pour brouiller les intrigues, si Tarantino ne lui en écrit pas le scénario, comme pour True Romance, il y a longtemps déjà. Donc résumons : Orgueil et préjugés est un film qui se défend, avec une mise en scène prometteuse (et dont la promesse sera indéniablement tenue en 2008, dans Reviens-moi de toute la même fine équipe), mais un rôle masculin fade et en malheureux décalage. Et Domino, une succession d’images plutôt chiadées, avec son casting du tonnerre et aucun fil conducteur. Mais bon, après tout c’est de la deuxième partie de soirée.
En alternative à une merveilleuse soirée avec KK, TF1 propose son pack Steven Spielberg / Les Experts. Car Steven est un expert qu’on se le dise, et avec La Guerre des Mondes [TF1 ; 20h50], Steven innove. Steven innove parce que jusqu’ici, il a toujours été le réalisateur des gentils extra-terrestres. Les gentils musiciens (Rencontre du Troisième Type), le gentil un peu couillon (ET l’Extra-terrestre)… Ici, ce sont des méchants venus pour nous massacrer parce qu’ils ont faim. Bien inspiré de l’œuvre d’HG Wells le film s’appuie sur les tribulations d’un homme et de ses enfants. Du coup, il n’est plus question de combattre les envahisseurs, d’organiser la défense de l’humanité, mais de survivre. De toutes façons, quiconque connaît l’histoire originale a compris le truc : l’humain n’a aucune chance face à l’ennemi, ni pour se défendre, ni pour éradiquer la menace. C’est cette optique qui semble curieuse dans ce film mais qui le rend unique : une histoire de survie sans aucune influence sur l’adversaire. Le tout avec toute la classe et la technique Spielbergienne, comme une longue fuite en un plan séquence dans un petit monospace, l’enlèvement de la petite Rachel dans une machine extraterrestre, un petit duel dans une cave. Du grand spectacle à la Spielberg avec les défauts à la Spielberg : merveilleux pour diriger les enfants (18/20 pour Dakota Fanning) Spielberg est toujours incapable de diriger les grosses pointures du cinéma (surtout quand ces pointures n’ont de vedette que le cachet), Tom Cruise est peu crédible en docker aux dents blanches et encore moins en type qui cherche à sauver sa peau ; de plus Steven continue les petites gaffes de scénario au profit d’une image très technique, comme un plan pris à travers le prisme d’un caméscope abandonné par un passant, alors que tous les appareils électriques sont tous out…
Alors il reste Excalibur [Arte ; 20h45], histoire de voir Helen Mirren, Gabriel Byrne et Liam Neeson jeunes (pour ces deux derniers, il s’agit même de leurs premières apparitions au cinéma). John Boorman resserre les légendes arthuriennes et la quête du Graal en deux heures et demi express, d’images cuivrées argentées dorées et phosphorescentes, pour un maelström courtois et clinquant, de la conception adultérine et trompeuse du fils de Pendragon toute en armure sur la chair, au départ d’icelui pour Avalon, las, fatigué, claqué. Sur du Wagner, sur Orff, les chevaliers avancent se débattent, dans une histoire sans surprise, lue et connue, où tel un Merlin omniscient, le spectateur sourit des clins d’œil fait à l’avenir. Relecture de l’œuvre de Thomas Malory, le film semble se dérouler au XVème siècle avec tout l’anachronisme des chansons de geste et aucun respect pour les armures d’époque… Les armures justement ! ternes, puis clinquantes une fois que tout le monde découvre Lancelot, puis sombres quand l’ombre de Mordred plane sur le royaume. J’en parlerai des heures, et pourtant quitte à regarder quelque chose, je ne le regarderai pas (pas avant sa rediffusion le lundi après midi).
Parce qu’à mon sens, le film le plus frais de la soirée (et aussi le plus triste, le plus film de filles aussi) se cache sur Gulli, la chaîne des enfants. Sweet November [Gulli ; 20h35], c’est une histoire d’amour qui dure un mois pas plus, mais par choix et avec du refus. Keanu Reeves a l’air aussi malin presqu’autant que quand il ne comprend rien au début de la trilogie Matrix, et en même temps presqu’autant que quand il semble tout comprendre à la fin de la trilogie de Matrix. Charlize Theron donne envie de tomber amoureux et comme elle tient les rênes c’est encore plus cruel à s’en taper la tête contre les murs, sauf qu’en fait, elle ne tient pas du tout les rênes. Elle lâche la bride un mois (le mois de novembre en l’occurrence). Histoire de ménager l’aventure. Je n’en dis pas plus, et je n’en pense pas moins. Ah Gulli !
Bon c'est pas tout ça ! Si j’ai une idée de ce que je dois enregistrer, qu’est-ce que je vais regarder ?
Le constat est flagrant, si l’on n'a pas déjà tout vu, il est quasiment impossible de tout voir (et à bien y réfléchir, même quand on a déjà tout vu, on ne peut pas tout voir par la suite…) et la solution de facilité consisterait à faire le choix du grand n’importe quoi avec Les Visiteurs en Amérique [TMC ; 20h40], là au moins on ne pourra pas crier à la surprise !
Autre n’importe quoi, mais d’une qualité largement supérieure, un n’importe quoi ultra stylisé, et aussi réussi qu’un Jacques Tati, Bean [W9 ; 20h35] raconte l’histoire d’un haricot ou presque, Ecce homo qui est faba , où Mr Bean côtoie allègrement la mère de Whistler de l’Arrangement en Noir et Gris. Parce que Mr Bean, c’est largement plus culturel que ce qu’il n’y paraît.
Mais ce n’est pas tant là que la télécommande s’égarerait.
Elle se perdrait aisément quatre heures, pubs comprises, avec Elizabeth Taylor. Cléopâtre [NRJ 12 ; 20h35], reine des péplums autour des Ben-Hur, Spartacus et autres Dix Commandements, ce sont les romances d’une prétendante au trône d’Egypte, qui se donne à César, jette son frère au trou, séduit Marc-Antoine, et finit dans le trou.. C’est LE film superlatif, porté par son couple Brad Jolie Angelina Pitt de l’époque, un Mankiewicz même pas écrasé par cette production pharaonique de cinq ans toujours plus directeur d’acteurs que réalisateur, privilégiant la moindre virgule de dialogue au faste du décor. Pourquoi regarder Cléopâtre ? peut-être parce que les studios américains ne se frotteront plus jamais au genre pendant quelques trente-cinq ans, illustrant ainsi qu’une limite du cinéma de ce genre avait été atteinte ; peut-être parce que NRJ 12 a la talentueuse idée d’en diffuser la version longue et que ça en devient, du coup, la façon la plus agréable d’approcher les minuit et demi.
On pourrait tout aussi bien, mais dans un genre différent atteindre les minuit cinquante avec Keira Knightley. Parce que la jeune KK comme on la surnomme dans l’intimité des initiales passe sa soirée dans Orgueils et Préjugés [France 2 ; 20h35] et Domino [France 2 ; 22h50]. Dans le premier, elle campe magnifiquement l’héroïne de Jane Austen, Lizzie Bennet, dans le second elle est Domino un top model devenue chasseuse de primes sans passer par la case Elysée. Ce serait presque convaincant si dans Orgueil et préjugés, le pauvre Darcy était à la hauteur du jeu de KK, et peut-être intéressant si Domino ne ressemblait pas aux morceaux éparpillés d’un vidéoclip réalisé par le décalquage d’un drogué en pleine rechute, tout ça parce que Tony Scott n’est pas très doué pour brouiller les intrigues, si Tarantino ne lui en écrit pas le scénario, comme pour True Romance, il y a longtemps déjà. Donc résumons : Orgueil et préjugés est un film qui se défend, avec une mise en scène prometteuse (et dont la promesse sera indéniablement tenue en 2008, dans Reviens-moi de toute la même fine équipe), mais un rôle masculin fade et en malheureux décalage. Et Domino, une succession d’images plutôt chiadées, avec son casting du tonnerre et aucun fil conducteur. Mais bon, après tout c’est de la deuxième partie de soirée.
En alternative à une merveilleuse soirée avec KK, TF1 propose son pack Steven Spielberg / Les Experts. Car Steven est un expert qu’on se le dise, et avec La Guerre des Mondes [TF1 ; 20h50], Steven innove. Steven innove parce que jusqu’ici, il a toujours été le réalisateur des gentils extra-terrestres. Les gentils musiciens (Rencontre du Troisième Type), le gentil un peu couillon (ET l’Extra-terrestre)… Ici, ce sont des méchants venus pour nous massacrer parce qu’ils ont faim. Bien inspiré de l’œuvre d’HG Wells le film s’appuie sur les tribulations d’un homme et de ses enfants. Du coup, il n’est plus question de combattre les envahisseurs, d’organiser la défense de l’humanité, mais de survivre. De toutes façons, quiconque connaît l’histoire originale a compris le truc : l’humain n’a aucune chance face à l’ennemi, ni pour se défendre, ni pour éradiquer la menace. C’est cette optique qui semble curieuse dans ce film mais qui le rend unique : une histoire de survie sans aucune influence sur l’adversaire. Le tout avec toute la classe et la technique Spielbergienne, comme une longue fuite en un plan séquence dans un petit monospace, l’enlèvement de la petite Rachel dans une machine extraterrestre, un petit duel dans une cave. Du grand spectacle à la Spielberg avec les défauts à la Spielberg : merveilleux pour diriger les enfants (18/20 pour Dakota Fanning) Spielberg est toujours incapable de diriger les grosses pointures du cinéma (surtout quand ces pointures n’ont de vedette que le cachet), Tom Cruise est peu crédible en docker aux dents blanches et encore moins en type qui cherche à sauver sa peau ; de plus Steven continue les petites gaffes de scénario au profit d’une image très technique, comme un plan pris à travers le prisme d’un caméscope abandonné par un passant, alors que tous les appareils électriques sont tous out…
Alors il reste Excalibur [Arte ; 20h45], histoire de voir Helen Mirren, Gabriel Byrne et Liam Neeson jeunes (pour ces deux derniers, il s’agit même de leurs premières apparitions au cinéma). John Boorman resserre les légendes arthuriennes et la quête du Graal en deux heures et demi express, d’images cuivrées argentées dorées et phosphorescentes, pour un maelström courtois et clinquant, de la conception adultérine et trompeuse du fils de Pendragon toute en armure sur la chair, au départ d’icelui pour Avalon, las, fatigué, claqué. Sur du Wagner, sur Orff, les chevaliers avancent se débattent, dans une histoire sans surprise, lue et connue, où tel un Merlin omniscient, le spectateur sourit des clins d’œil fait à l’avenir. Relecture de l’œuvre de Thomas Malory, le film semble se dérouler au XVème siècle avec tout l’anachronisme des chansons de geste et aucun respect pour les armures d’époque… Les armures justement ! ternes, puis clinquantes une fois que tout le monde découvre Lancelot, puis sombres quand l’ombre de Mordred plane sur le royaume. J’en parlerai des heures, et pourtant quitte à regarder quelque chose, je ne le regarderai pas (pas avant sa rediffusion le lundi après midi).
Parce qu’à mon sens, le film le plus frais de la soirée (et aussi le plus triste, le plus film de filles aussi) se cache sur Gulli, la chaîne des enfants. Sweet November [Gulli ; 20h35], c’est une histoire d’amour qui dure un mois pas plus, mais par choix et avec du refus. Keanu Reeves a l’air aussi malin presqu’autant que quand il ne comprend rien au début de la trilogie Matrix, et en même temps presqu’autant que quand il semble tout comprendre à la fin de la trilogie de Matrix. Charlize Theron donne envie de tomber amoureux et comme elle tient les rênes c’est encore plus cruel à s’en taper la tête contre les murs, sauf qu’en fait, elle ne tient pas du tout les rênes. Elle lâche la bride un mois (le mois de novembre en l’occurrence). Histoire de ménager l’aventure. Je n’en dis pas plus, et je n’en pense pas moins. Ah Gulli !
Bon c'est pas tout ça ! Si j’ai une idée de ce que je dois enregistrer, qu’est-ce que je vais regarder ?
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