mardi 31 mars 2009

En attendant non pas Godot mais Roméo



Rappelez-vous, c’était dimanche dernier. Vous veniez de passer sur ce chouette blog qu’est Maximgar à la Chaîne pour vous faire une petite idée du programme du soir. Vous vous êtes dit sans hésiter : « Je regarde A History of Violence », puis vous avez hésité « Que dois-je enregistrer en parallèle ? » King Kong ? La Maison du Bonheur ? Casino ? qu’importe… l’important c’est de s’être réservé une solution de rechange pour soirée monotone.

Le souci, c’est qu’une fois mardi arrivé, force est de constater que votre solution de rechange vous l’avez utilisée lundi…

Alors que faire en attendant Roméo + Juliet [Virgin 17 ; 22h20] ?







Regarder le téléfilm austrogermanique qui précède ? Avalanches [Virgin 17 ; 20h40], vraisemblablement une programmation spécial printemps ! Suivre un documentaire sur les tatoueurs les tatoués les percés ? Tatoué, percé… ceci est mon corps [France 4 ; 20h35]. Applaudir aux auditions de la Nouvelle Star [M6 ; 20h40] parce qu’exceptionnellement même un mardi on est prêt à en causer ici dans ce magazine ! Faire vos comptes et vous demander combien de fois Clint Eastwood est passé sur France 3 cette année en jetant un œil sur l’Homme des Hautes Plaines [France 3 ; 20h35] avec Clint Eastwwod que vous avez déjà vu dans l’Epreuve de force, la Relève et Pale Rider. Redécouvrir Victor Hugo avec un bon pavé, ou Les contes et nouvelles du XIXème siècle : Claude Gueux [France 2 ; 20h35]. Ou encore chercher à comprendre pourquoi il y a les Experts : Miami [TF1 ; 20h45] alors qu’il n’y aura pas le Dr House le lendemain pour cause de foot, alors, que quand c’est la Ligue des Champions et que Canal+ diffuse un match le mardi et TF1 le mercredi, la chaîne du bâtiment n’hésite pas pour le confort des fans fidèles du gentil docteur à le programmer le mardi, tant pis pour Horatio et sa bande…

A la rigueur, vous devriez sortir, danser avec des amis. Blake Edwards vous attend sur Gulli, avec The Party [Gulli ; 20h35] pour la meilleure fête jamais filmée par le meilleur réalisateur des scènes de fête jamais filmées.







Et puis me direz-vous, est-ce que ça vaut vraiment le coup d’attendre le Roméo+Juliet de Baz Luhrmann ? Non, il est juste idéalement clipé, prodigieusement adapté, singulièrement léché…

8 commentaires:

  1. Arrête il est horrible ce film, ils passent leur temps à hurler leur texte et Tybalt est davantage roi des chihuahuas que des chats. Quant aux scènes sur le bord de la plage + soleil couchant + Leo pensif et telllllement romantique... hum.

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  2. Voici un débat fort intéressant, qui nécessite néanmoins de poser quelques bases sur les épisodes précédents.

    Concernant William tout d’abord, Shakespeare a-t-il écrit ne serait-ce qu’une tragédie ou une comédie qui soit étrangère aux cris, aux épisodes braillards et aux excentricités cognantes du décibel ? Et quelque part, n’est-ce pas un peu sa faute si aujourd’hui un blockbuster hollywoodien ne peut s’empêcher de pétarader dans tous les sens, comme une estafette rouillée prise en gros plan ? Ce serait s’empêtrer dans une quelconque réflexion fleuve que s’étaler à trouver les tenants et aboutissants de cette déclaration. Mais résumons là rapidement, si Racine et Corneille sont responsables des films chiants à la française, Molière des comédies franchouillardes, et La Fontaine les aventures de l’Inspecteur Gadget, on peut dire sans peine que William a touché à tous les pans, à modeler toutes les arcanes des fictions actuelles anglo-saxonnes, voire même aussi, de tout le Commonwealth (voir à ce sujet comment les influences coloniales sur les divers cinémas asiatiques sont frappantes). Mais bon, laissons là cette introduction inutile.

    Les pièces de Shakespeare au-delà d’être des classiques sont hurleuses, braillardes, tapageuses, ce qui fit leur popularité, car l’action, le langage y étaient plus vulgaires dans son sens latin de populacier, qu’à la normale, proches de la gouaille de tous les jours. Culture d’une Angleterre encore petite nation, écrasée sous les poids de l’ombre des pompeux et classiques grands états tel que l’Espagne (ah ça a bien changé le monde), le Portugal (fichtrement beaucoup changé), et même la France. Je m’enflamme, je m’enflamme, mais si on compare un instant, la liberté, la frasque, la folie (je dirais même l’extravagance pour ne pas faire de pub à un autre de mes blogs) du théâtre shakespearien, au catharsis que s’infligera cinquante ans plus tard le théâtre classique français avec sa règle des trois unités, et on se dit franchement malgré Boileau « Qu'en un lieu, en un jour, un seul fait accompli / Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli », qu’il y a pas à tortiller du cul pour chier droit (ce qui juste après Boileau est très classe).

    Résumons, pour l’instant, nous avons : Shakespeare en dramaturge braillard. (Je pense que cette idée se défend). Sa pièce Roméo & Juliette n’est évidemment pas la plus funky, bien moins que la Mégère Apprivoisée (où là pour le coup ça braille)… Mais elle est certainement la plus universelle, en général, et dans les arts en particulier. Les amours contrariées par l’environnement souffrent d’un développement durable, c’est bien connu, mais elles sont un canevas essentiel de bien des œuvres. Et mieux Roméo et Juliette a subi de nombreux assauts et reprises de Berlioz à Prokofiev en passant par Dire Straits, ou au cinéma où exception faite de West Side Story, deux adaptations se détachent, celle de Zeffirelli en 1968 et celle de Luhrmann en 96. Alors effectivement, ce sont deux écoles différentes. Le premier est classique, lent, très imprégné du cinéma réaliste italien appliqué aux tragédies séculaires (si, cette phrase veut dire quelque chose), en tout cas, on s’endort parfois. Le second est excité et ne peut s’empêcher de transformer le moindre soupçon de romance en tourbillon pop sucrée quelque soit le film… du simple cours de danse flamenco du Ballroom Dancing, aux reprises d’Elton John dans Moulin Rouge ! et c’est sûr qu’on a beaucoup plus de mal à dormir.

    Je défends cette version, comme je défends Moulin Rouge ! et comme je vous invite tous à regarder Invincibles ce soir (même si c’est un mauvais poisson d’avril). Parce que oui Tybalt est plus proche du chihuahua que du chat, mais le chat du XVIème siècle n’est-il pas plus proche du chihuahua du XXème que du chat Friskies-viens-partager-mon-Sheeba d’aujourd’hui ? Leonardo dans le soleil couchant avec son reup et sa reum dans la Marco Benz ? c’est l’image de rêve des petites Juliettes d’aujourd’hui (à savoir 12/13 ans) qui correspondent à celles de 17 ans du XVIème. C’est cet exercice d’adaptation bien plus musclé encore que ma mauvaise foi, que je saluerais de toutes mes forces et de tout mon souffle (en l’occurrence celui de mon clavier).

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  3. Ok, alors reprenons calmement. Ou pas. Contradiction votre honneur. Oui chez Shakespeare ça braille et tant mieux, c'est fait pour faire rire et réagir, c'est du théâtre et ça prend aux tripes. Ce serait tout à fait réalisable sur scène de nos jours, avec la volonté de transmettre l'énergie du XVIe.

    Mais puisque Lulu adapte la pièce avec incrustation de stock options et de générique en mode "Les Experts", pourquoi garder les hurlements exagérés, loin bien loin de la "gouaille de tous les jours" et très très proches de la crise d'épilepsie non soignée ?

    Donc oui, on s'emmerde ferme chez Zeffirelli, surtout le mardi soir de 15h à 17h avant une dernière heure de philo pour la route. Et je n'ai rien de personnel contre Baz puisque j'ai pas vu ses autres films (ceci dit s'ils sont aussi fameux/fumeux que ton poisson rouge j'vais réfléchir avant de compléter ma culture cinématographique) mais je hais les chihuahuas et tiens à préciser que les chats d'aujourd'hui ne sont pas tous protégés par le bouclier fiscal. Tybalt est tout simplement mal interprété, il n'y a que Mercurio qu'on puisse qualifier de félin, et encore. D'ailleurs c'est ce dernier qui sauve un tout petit peu le film.

    En ce qui concerne Juliette, sachant qu'elle n'a pas encore 14 ans dans la pièce, pourquoi ne pas avoir choisi Henri Dès dans le rôle principal pour parfaire la transposition des âges (6/7 ans aujourd'hui) ? Ou le prince Dominik, platonique amoureux de Barbie ? Si ça c'est pas de la mauvaise foi.

    Tout ça pour dire que non, ce n'est pas un bon film et je suis bien contente de lui avoir préféré la nouvelle star.......

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  4. Je m’inscris en faux sur plein de trucs. Et je commencerai par dire « nân nân nân, le mardi soir c’est pas entre 15h et 17h », quant à la transposition des âges à 6/7 ans elle n’est pas bonne. Juliette a 13 ans non révolus, soit, mais elle est surtout en âge de se marier, de forniquer et de procréer (dans cet ordre, c’est important), ce qui de nos jours correspond à se pacser, jouer à touche pipi et pointer aux allocs, (ce qui donne d’après mes savants calculs, une moyenne d’environ 15 ans, même si c’est plus possible dans le bon ordre), et quel âge avait Claire Danes au moment du tournage ? même pas 15 ans, pouêt pouêt tralala.

    Et si Lulu garde les hurlements, c’est parce qu’il n’a jamais su faire autrement, et que c’est bien pour ça qu’il reprend Romeo et Juliette et pas Œdipe Roi (quoique, après tout, il en serait bien capable)… et c’est bien pour ça qu’il n’a jamais fait dormir personne à 15h, même le soir. Et je le félicite d’autant plus que c’est Léo qu’il a choisi, pas que j’aime Léo, mais surtout à cause de ce que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître : qu’en 96, Léo c’était pas encore Léo… c’était le petit con qui bavait sur Sharon Stone avant de se faire buter pitoyablement dans Mort ou Vif, entre autres… Nia nia nia…

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  5. Et puis surtout rien n'empêchait de regarder et La Nouvelle Star et Roméo + Juliet !

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  6. Inscris-toi où tu veux, quand tu regardes Zeffirelli c'est toujours l'heure du dodo = le soir. Tes transpositions d'âge sont drôlement lunatiques. On pourrait aussi soutenir qu'elle a l'âge de faire sa rebelle, ce qui aujourd'hui commence vers 3 ans depuis que Freud a inventé le complexe d'OEdipe. Félicitations pour le "OE" majuscule que je sais pas faire comme tu le constates. Léo connu ou pas, ça reste Léo, en quoi est-ce une marque de goût de l'avoir pris ? Quant à ta dernière remarque, c'est de loin la + fantaisiste : crois-tu vraiment qu'après un désastre pareil de sinclairitude on a encore la force de se faire du mal en regardant un film qu'on connaît déjà et qu'on trouve ridicule ?

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  7. Mais justement, c'est l'exercice difficile que s'est octroyé Maximgar à la Chaîne. Comment choisir un programme dans l'univers marécageux de la télé. Tu préfères t'abrutir avec la Nouvelle Star, qu'avec Roméo+Juliet, c'est un choix. Il n'empêche le meilleur programme de la soirée, c'était The Party, le seul en première diffusion un poil intéressant, c'était La Nouvelle Star, (que nous ici à la rédaction, nous ne regardons jamais), et celui qui a obtenu tous les suffrages de l'audimat (ou presque) ce furent Les Experts.

    Et moi je lutte fermement contre ça, et contre son contraire. Et donc pour Roméo et contre Juliet.

    Néanmoins, je suis ravi de voir que tous mes lecteurs (à savoir 100% des lecteurs qui se sont exprimés sur le sujet), en ont un peu dans le cerveau et savent eux aussi (comme leur magazine préféré) avancer des arguments boiteux, avec les attelles d'une grammaire sans reproche (ou presque).

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  8. J'ai fait quoi comme faute ? (xD)
    C'était la troisième fois de ma vie que je regardais la Nouvelle Star. Et c'était pas intéressant, d'ailleurs ils chantent même pas bien cette année (et les mecs sont pas très beaux donc ya vraiment plus aucun intérêt).
    Tout ça pour ruiner la haute teneur intellectuelle des débats qui ont lieu dans ton palpitant courrier des lecteurs. Parce que les enfants, c'est bien connu, sont incapables de la moindre gratitude, faites leur des compliments, ils vous montrent les dents. Tout ça pour un pauvre alexandrin.

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